LIBBRECHT Roger
Conflit/Conflict: 1940-1945
Statut/Statuut: Mort en déportation - In deportatie overleden
Naissance/Geboorte: Schaerbeek - Schaarbeek, BR, BE 1885-10-31
Décès/Overlijden: Passau, DE 1945-05-30
Grade/Régiment - Graad/Regiment: Général-Major - Generaal-Majoor 2ème - 2de Chasseurs à cheval - Jagers te paard
Plus d'infos/Meer info: Fils de Jean Jacques et de Juliette Mélanie CLAYS. Conjoint de Marthe KEUCKER de WATLET. Désireux de servir son pays comme son père, Roger présente les examens d'entrée à l'Ecole militaire. Admis le 8 novembre 1904 dans la 55e promotion de l'infanterie et de la cavalerie, il en sort sous-lieutenant, 5e de sa promotion, le 26 décembre 1906, ayant été porté à l'ordre du jour de l'école par le commandant de celle-ci, le colonel Leman, pour avoir obtenu la mention « très bien ». Il est lieutenant au 2e Guides lorsque, le 7 septembre 1912, il épouse à Bruxelles, Marthe KEUCKER de WATLET, fille du Lieutenant-Général Baron Albert KEUCKER de WATLET et de Berthe TÜLL Son tempérament le portait toujours à aller au fond des choses, à se perfectionner sans cesse. Aussi présente-t-il le concours d'entrée à l'Ecole de guerre et y est-il reçu en octobre 1912. Comme il écrivait lui-même dans la revue des anciens de son collège, « cette école permet au jeune lieutenant d'élargir encore l'horizon de ses connaissances professionnelles ; (?) les portes de l'avenue de Cortenberg ne s'ouvrent chaque année que pour une vingtaine d'élus ». Il est en seconde année lorsque la guerre est déclarée ; aussitôt il rejoint son peloton du 2e Guides, refusant de faire partie de l'Etat-major afin de rester avec ses hommes. On rapporte de lui le trait suivant : « Roger et ses hommes se battent près de Diksmude. Les Allemands les ont vus et les obus pleuvent. Roger abrite ses soldats sous un carré de béton ; ils y sont entassés, il n'y a plus de place pour lui. Il reste dehors et surveille. Mon lieutenant, dit un soldat en sortant de l'abri, vous êtes trop exposé, vous êtes marié, je ne le suis pas, prenez ma place?Ami, répond Roger, votre devoir de soldat est de rester où je vous ai mis ; le mien est d'être où je suis ». En mars 1916, il est proposé pour être nommé capitaine. Son commandant d'escadron, le comte A.de LIEDEKERKE note : « Officier de grande valeur, le lieutenant LIBBRECHT a exercé le commandement de son peloton depuis le 25 août 1914 avec un zèle et un dévouement au-dessus de tout éloge ; dans les différentes missions qui lui ont été confiées au cours de la campagne, cet officier s'est distingué tant par son initiative intelligente que par ses belles qualités de sang-froid et d'énergie ». Ces flatteuses appréciations seront confirmées par le vicomte JOLLY, commandant du groupe et par le général GILLAIN. Le 5 janvier 1917, il est nommé capitaine en second et le 1 avril suivant, capitaine-commandant. Il est bientôt détaché à l'Etat-major du commandement de l'armée, puis à celui du 4e Lanciers où son chef, le colonel de LONGUEVILLE, signale : « au cours des deux mois que j'ai eu avec le capitaine-commandant LIBBRECHT comme adjudant-major, j'ai pu me rendre compte de son zèle et de ses aptitudes pour le travail dans un Etat-major ; il m'a donné pleinement satisfaction ». Il était à l'Etat-major de la 3e brigade de cavalerie lorsque survint l'armistice. Pour son courage et son dévouement au cours de sa longue carrière au front, il a reçu la croix de guerre, la médaille de l'Yser, celle de la Victoire, la médaille commémorative 14-18 ornée de l'insigne de huit chevrons de front. La citation accompagnant la Croix de guerre porte : « s'est spécialement distingué par son courage, son énergie et abnégation au cours des opérations offensives qui ont permis à la division de cavalerie de refouler victorieusement l'ennemi depuis l'Yser jusqu'au canal Gand-Terneuzen en octobre-novembre 1918 ». (s) Lt.Général LEMERCIER Son désir est de conquérir au plus vite son brevet d'officier d'Etat-major en passant les examens que la guerre l'a empêché de présenter. Le général GRACIA donnera à ce sujet un avis très favorable, attestant « que le capitaine-commandant LIBBRECHT possède les qualités de jugement, de tact et d'éducation indispensables à tout officier qui se destine au service d'Etat-major. A ces qualités, il joint celles de dévouement et de la ponctualité la plus complète dans l'accomplissement de ses fonctions d'aide de camp ». Ayant satisfait aux épreuves spéciales d'adjoint d'Etat-major instituées en 1920-21 pour les officiers n'ayant pu, à cause de la guerre, suivre les cours complets de l'Ecole de guerre, il est nommé adjoint d'Etat-major le 4 mars 1921. Major le 26 mars 1927, il est désigné pour le 1er Guides. Le colonel DONNAY de CASTEAU, commandant le régiment, le propose dès 1930 comme lieutenant-colonel. « Le major B.E.M. LIBBRECHT est un officier très distingué d'allure et de sentiment, discipliné et extrêmement consciencieux. Il s'acquitte avec zèle et dévouement de toutes les fonctions de son grade. J'ai la plus grande confiance en son jugement et la période de camp et de manoeuvres de cette année n'a fait que confirmer en moi cette opinion. J'appuie très favorablement sa candidature au grade de lieutenant-colonel ». Roger LIBBRECHT est promu à ce rang le 27 mars 1932. En juin 1934, il est désigné pour faire partie de la mission spéciale que le roi Léopold envoie auprès de la Grande Duchesse de Luxembourg à l'occasion du décès du roi Albert et de son propre avènement au trône. Il y retrouvera son beau-père, le général baron KEUCKER de WATLET, président de l'Union belge de Luxembourg au château de Berg, où il se verra nommé Commandeur de l'ordre ducal de la Couronne de chêne. Le 26 décembre 1934, il est désigné pour prendre le commandement du 2e Chasseurs à cheval, en garnison à Namur. « Le Lieutenant-colonel Roger LIBBRECHT est un officier des plus distingués qui fit toute la guerre au front où il eut une conduite admirable ». Nommé Colonel, le 26 mars 1936, il était toujours à la tête du 2e Chasseurs à cheval lors de l'invasion allemande du 10 mai 1940. Son secteur s'étendait sur l'Ourthe, de Comblain-au-Pont à Petit-Han. Après de violents combats retardateurs à Waremme, Hannut, Jodoigne, puis sur la Gette, à la tête de son régiment, il est désigné le 16 mai pour exercer les fonctions d'adjoint au commandant de la 2e division de cavalerie. « Je suis désespéré de quitter mon régiment qui a combattu si héroïquement sur la Gette », écrit-il à cette date dans son journal de campagne . Il organise la défense du canal Gand-Terneuzen, puis de la ligne de chemin de fer Roulers-Ypres. Lorsqu'il reçoit, le 28 mai, l'ordre de cesser le feu, il commandait le secteur allant de Langemarck à Passchendaele. « Tout le monde est attéré et on pleure en silence ». Appelé à rencontrer un général allemand, près de Zonnebeke, afin d'arrêter les dispositions à prendre pour la remise des armes, il écrit : « des avions britanniques survolent la route et les officiers allemands s'abritent dans les fossés. Je me plante au milieu de la route pour leur montrer que les belges ont moins peur qu'eux ». Pour lui, il n'y a qu'un mot d'ordre, celui qu'il répétait au colonel commandant le 2e Guides, le 23 mai : « Tenir coûte que coûte ! » Son attitude à la tête de ses troupes lui vaudra l'attribution de la plaque de Grand Officier de l'ordre de Léopold, avec palmes, et attribution de la croix de guerre 40 avec palmes, accompagnée de la citation suivante : « Au cours de la campagne de 1940, fut un chef de corps énergique et insouciant du danger. Exemple de bravoure, résista avec son régiment, malgré des infiltrations dangereuses aux violents attaques ennemies, notamment sur la Gette, où il assura victorieusement la liaison avec la D.L.M. française malgré de puissantes offensives de l'adversaire. Les 27 et 28 mai 1940, a conduit avec calme et autorité la défense du sous-secteur ouest de Passchendaele, bloquant l'ennemi qui menaçait dangereusement le flanc découvert de la division ». Ayant pu éviter la déportation, le colonel LIBBRECHT estimait que le combat ne serait terminé que lorsqu'un aucun soldat allemand ne foulerait plus le sol national. « Il est parmi les tout premiers, et sans forfanterie, à ne pas désespérer et à se joindre à ceux qui dès la fin de l'année ont décidé qu'il y a du bon travail à accomplir même sous la botte de l'occupant et qu'on a le devoir de tenter de nuire à l'ennemi où que l'on soit. Il entra en rapport dès ce moment avec les promoteurs de la résistance militaire : les Bastin, les Lentz, deux autres colonels de cavalerie ». Dès 1942, il est mis à la tête de la réserve mobile de l' « Armée secrète», qui avait porté jusque fin 1942 le nom de « Légion belge » puis, jusqu'à la réorganisation des mouvements armés de résistance, en juillet 1944, celui d' « Armée belge ». « C'était, écrit le lieutenant général Yvan Gérard, le plus solide et le plus vieux noyau de la Légion, autour duquel s'était opéré spontanément la fédération des groupes épars dans les provinces. Roger accepta les postes les plus dangereux ». En septembre 1943, la police militaire allemande arrête tout l'Etat-major de la zone IV de l'armée secrète, qui couvrait le Brabant et comptait 10000 hommes. « Il fallait trouver un chef pour cette zone d'importance capitale, écrit encore Yvan Gérard . Je convoquai le colonel B.E.M.Libbrecht, dont j'avais déjà admiré l'allant et le désintéressement. Ainsi que je m'y attendais, sans la moindre hésitation, il accepta ce poste d'honneur où il se trouvait être le troisième titulaire en l'espace de cinq mois, et où, lui aussi, allait donner sa vie. » En effet, le colonel Gilbert avait été arrêté le 26 avril précédent, et le colonel De Schryver, le 2 septembre. Roger Libbrecht aura comme chef d'Etat-major le major Pierart, assisté du commandant comte Arnold de Looz-Corswarem. Dès lors, Roger Libbrecht doit entrer dans la clandestinité la plus totale. Il ne fait plus que de rèves apparitions chez lui, logeant chez des parents, chez des amis, qui accueillent avec joie ce représentant de l'armée de libération. Il séjourna, notamment, chez les Quetelet, à Ixelles, chez les de Launois, au château Malou, à Woluwé Saint Lambert . Sans relâche, il organisa son secteur, s'occupant avec ses fidèles adjoints, des contacts, des missions diverses requises par une armée clandestine qui voit le moment de participer entièrement à la guerre. Le 1er juin 1944, la B.B.C. de Londres transmet le message tant attendu : « La frondaison des arbres vous cache les ailes du vieux moulin » . C'est le signal pour les Etats-majors de l'A.S. de se rendre sur le terrain réservé à l'action de leurs troupes et de commencer les activités. C'est ainsi que tout l'Etat-major de la zone IV quitte la région bruxelloise et va installer son P.C. au château de Rhisnes, chez le baron André Rolin, avec qui le lieutenant Melot avait pris contact. Obligé de changer constamment de cachette, pour éviter d'être repéré, il passe successivement au château de Ferooz, chez Mr.John Nieuwenhuys, au château de Lonzée chez Mlle.Melot, au château de La Bruyère (St.Denis-Bovesse) chez le comte Capelle. Les allemands le recherchent activement ; il a échappé de justesse, le 29 juillet, à l'arrestation alors qu'il profitait d'une mission à Bruxelles pour passer chez lui congratuler sa femme dont c'était l'anniversaire. S'il reste « Roger » pour l'A.S., il s'est fait confectionner une carte d'identité au nom de MARCHAL, patronyme de son grand-oncle et parrain, le Lieutenant-général Félix MARCHAL. Depuis le 2 juin 1944 son Etat-major s'est installé au château d'Ostin (Villers-lez-Heest), à 10km au nord de Namur. Hélas, le 17 août, les allemands découvrent au village voisin de Vedrin le poste émetteur. Le radio était en contact avec Londres et l'émission avait duré plus des vingt minutes prévues, les services londoniens semblant peu pressés de donner suite aux demandes angoissées de parachutages. « Roger » est prévenu de l'arrestation du radio qui, soumis à la torture, veut gagner du temps en désignant un emplacement qu'il croit inoccupé; il est encore temps de fuir. Malgré les objurgations de son entourage, « Roger » ne veut pas quitter son poste avant d'avoir minutieusement détruit avec ses collaborateurs, le lieutenant Jacques ROBIN et leur hôte Mr.CLERINX, tous les papiers compromettants qu'il détient. Au cours de ce travail, les allemands pénètrent dans le château, à la suite du jeune Charles de Radiguès, qu'ils avaient suivi à la trace, et arrêtent tous les hommes présents. Ils sont incarcérés à la prison de Namur jusqu'au 31 août. Un projet d'enlèvement est élaboré, un gardien acheté, mais la veille de la mise en oeuvre du plan, les prisonniers sont transférés à Bruxelles. Devant l'avance alliée, les allemands décident de les faire partir par train pour Liège, puis pour Köln où ils arrivent le 3 septembre. De Köln vers le nord, à Münster puis, changement de direction vers Bochum (13 septembre), Würzburg (14 septembre), Augsburg, le camp de Dachau, d'où ils seront dirigés vers Mauthausen. Ils y arriveront le 16 septembre 1944, après un épouvantable voyage. Roger Libbrecht y est inscrit à cette date sous son identité d'emprunt : Roger MARCHAL, profession : pensionné, époux de Marthe Warthelet. Il reçoit le matricule 99705-B Sch. (Mauthausen Häftlings-personnal-karte). ?Tous ceux qui approchant Roger Marchal à Mauthausen sont frappés par son calme inaltérable, et remarquant qu'à aucun moment, quelle que soit sa souffrance, Roger ne profère aucune plainte. A Mauthausen, il n'a plus de troupes ; nul ne sait qu'il est officier, mais il est entouré d'hommes qui souffrent, et tout ce qu'il peut faire pour les aider, les soutenir, il le fait. Pour tous, sa splendide attitude sereine, si parfaitement digne, sera une source de force et de résignation. Jamais il ne parle de lui. Qui est-il ? Quelle est sa profession ? Pourquoi est-il emprisonné ? Personne ne le sait. Parler de soi provoque des questions et peut compromettre des parents, des compagnons. Dans cet enfer, Roger pense aux autres, et non à lui ». Le 5 mai 1945, la VIIe armée américaine libère Mauthausen. Roger Libbrecht car il a repris sa véritable identité est encore vivant, mais dans quel état ! Il ne pèse plus que 35kg et peut à peine marcher. Sur un formulaire du Konzentrationlager Mauthausen, il écrit, le 12 mai, un mot à sa femme : « Enfin, je puis t'envoyer ce mot qui te rassurera sur mon sort. Nous avons été délivrés par les américains le 5 mai. Finie la période de bagne. Je vais bien et espère vous revoir très prochainement. » En effet, pour les grands malades comme lui, des transports par avion sont prévus vers la Belgique. Mais une fois encore, il pense d'abord aux autres. « Un chef part le dernier ; ramenez tout le monde, et moi ensuite » Transporté le 16 mai à l'hôpital américain de Passau, il y décède le 30 mai 1945. Quand son tour est venu, il avait quitté cette terre. Un service solennel pour le repos de son âme était annoncé en l'église de l'abbaye de la Cambre pour le 28 septembre. Le major comte de Looz Corswarem, commandant alors un bataillon de fusilliers, se jura de ramener le corps de son chef pour la cérémonie, malgré toutes les difficultés administratives et matérielles que pareille opération comportait. Parti de Louvain, le 24 septembre, avec l'aumonier de Harve et deux soldats, dans un camion militaire, le petit groupe, après mille péripéties, arriva au cimetière de Passau dans la soirée du lendemain. A l'aube du 26 septembre, ils peuvent s'incliner devant la croix où, le 2 juin précédent, le gardien du cimetière avait inscrit : « Ici repose le colonel Roger Libbrecht, mort pour la patrie le 1 juin 1945 » Le cercueil est exhumé et le camion reprendra sa course vers Bruxelles, qu'il atteindra le soir précédent le service. Ce fut une intense émotion pour tous les participants de voir descendre du camion, dans la cour d'honneur de l'abbaye, le corps de celui que le commandant de l'Armée secrète avait cité à l'ordre du jour avec la citation « admirable chef alliant à un grand courage une modestie peu commune. Allia à la plus haute conception du devoir une foi jamais démentie et un mépris souverain du risque. Entra dans la résistance à la première heure, commanda en 1942 la réserve mobile, puis la zone IV de l'A.S.. Arrêté en août 1944, fut transféré au camp de Mauthausen, où il donna à tous un exemple de stoïque courage. Délivré par l'armée américaine dans un état navrant de santé et d'épuisement, décéda pour Dieu, le Roi et la Patrie, le 30 mai 1945 à Passau » (Source [517])
Photo/Foto: https://bel-memorial.org/photos_namur/la_bruyere/LIBBRECHT_Roger_52741.htm
Monument/Gedenkteken: Stèle à la mémoire de victimes 1940 - 1945, Commune/Gemeente: Villers-lez-Heest
††† RENDRE HOMMAGE À CETTE PERSONNE - EEN HULDE BRENGEN AAN DEZE PERSOON †††
Hommages déjà rendus à cette personne - Al gebrachte hulden aan deze persoon
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Message - Bericht
Een groot officier
Message posté le 2020-03-16 par Dirk DE BRUYN, Hoboken, België
Bericht geplaatst op 2020-03-16 door : Dirk DE BRUYN, Hoboken, België
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