Louis COLLARD
Source [18]
Collection privée
Collection privée
Première tombe des frères COLLARD au bastion de la Chartreuse à
Liège
Documents aimablement transmis par Michel BODY
Photos: Anne-Marie LANOTTE, Site de la commune de
Tintigny, Source [5]
Tombe actuelle des frères COLLARD au bastion de la Chartreuse à
Liège
Stèle des frères COLLARD à Tintigny, LU, BE
En 1916, les frères Louis et Anthony COLLARD nourrissent l'audacieux
projet de rejoindre le front de l'Yser pour mettre leur connaissance
de la topographie luxembourgeoise au service des aviateurs alliés.
Ces jeunes Tintignolais, d'un courage à toute épreuve, n'ont pas
vingt ans quand ils quittent clandestinement le village pour Liège
où ils espèrent trouver le moyen de franchir la frontière
hollandaise pour gagner le front de l'Yser à partir de ce pays
neutre.
Dans la cité mosane où ils se reposent quelques jours, les deux
frères sont remarqués par un chef de la résistance qui les invite à
renoncer à leur rêve de guide d'aviateurs pour travailler dans
l'ombre, précisément pour le service de renseignements "Dame
Blanche" dont la mission est d'observer les mouvements des années
allemandes sur tout le territoire belge (spécialement derrière la
ligne de feu aux fins de percer les projets d'attaque de l'ennemi).
Sans hésiter, les frères COLLARD s'engagent au réseau Dame Blanche
et découvrent le monde secret de l'espionnage.
Ils jurent solennellement de ne rien révéler du réseau à quiconque,
reçoivent la célèbre plaquette de plomb où est gravée la devise de
l'organisation "Ose tant que tu peux"et leur nom de code "Godefroid
1 et Godefroid 2". À la Villa des Hirondelles, un des refuges de
"Dame Blanche" situé à proximité du pont de Wandre, Louis et Anthony
sont initiés à l'art de l'observation. Rapidement, ils font quelques
essais en rôdant près des gares et des casernes à Liège.
Le 30 novembre 1917, Louis et Anthony COLLARD reçoivent leur
première grande mission : faire une observation minutieuse de la
région de Virton. Les deux frères refont le chemin inverse vers leur
village natal. Louis (Godefroid 1) recrute, dans la région, des
observateurs, des boîtes aux lettres, des courriers; Anthony
(Godefroid 2) observe durant plusieurs jours le pays de Virton, mais
ne recueille aucun renseignement significatif. De retour à Liège,
les espions doivent admettre l'échec de leur première mission.
Un mois plus tard, Louis et Anthony procèdent à un nouvel essai,
réussi celui-là. Pendant quatre semaines, ils organisent en Gaume un
véritable service de renseignements: postes d'observation, voies de
transmission des plis, boîtes aux lettres, lieux de concentration,
passages, etc. et recueillent des données très intéressantes sur le
départ et l'arrivée des unités allemandes dans la région, les
exercices des soldats au repos etc. Le 28 février 1918, à Liège, ils
reçoivent les plus vives félicitations de leurs chefs.
Quelques jours plus tard, c'est le drame. Le vendredi 8 mars 1918,
Mr Muller, un policier allemand particulièrement rusé qui enquête à
Liège sur une certaine Mlle Marcelle de Maubeuge, perquisitionne la
Villa des Hirondelles. Il y découvre des rapports d'activités, des
codes, des armes, et capture les deux Godefroid qui sont conduits à
la prison de Saint-Léonard à Liège. Ceux-ci sont immédiatement
soumis à des interrogatoires brutaux. En dépit des tortures et des
bastonnades continuelles, les frères COLLARD ne dévoilent rien
concernant l'organisation aux policiers allemands.
Par un tour de force incroyable, les prisonniers parviennent à
correspondre avec l'extérieur avec Marie-Thérèse COLLARD (leur sœur)
et Irène BASTIN (leur amie) pour leur permettre de continuer la
mission d'observation entreprise en Gaume. Après quatre mois de
détention insupportable, le 28 juin 1918, les frères COLLARD et cinq
autres prisonniers passent devant le Kriegsgericht (Conseil de
Guerre) à Liège. Considérés par l'occupant comme les plus grands
espions capturés depuis le début de la guerre, les frères COLLARD ne
se font aucune illusion sur leur sort. Le 2 juillet, l'auditeur
militaire annonce leur condamnation à mort. Leur recours en grâce
est rejeté. En attendant l'exécution, les deux frères édifient les
geôliers par leur courage.
Le 18 juillet 1918, Louis et Anthony COLLARD sont fusillés à La
Chartreuse. Face au peloton, ils chantent le Magnificat, hymne
d'allégresse et de triomphe de la liturgie catholique. Dès la fin de
la guerre, les frères COLLARD reçoivent, à titre posthume, de
multiples décorations belges et alliées. La route d'accès au
Quartier du Gros Terme à partir du Marotin a été baptisée "rue Louis
et Anthony COLLARD".
(Revue d'histoire locale "Le Vivier aux Joyaux" - Septembre 2001)
Source [57]